Et si la vie était comme un escalier...
- lisawharton7
- 9 mars
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 mars

Nous naissons tout en bas de l’escalier, totalement dépendants. Un bébé ne peut ni monter ni même percevoir qu’un escalier existe. Mais peu à peu, il sent un mouvement, un besoin de progression.
L’enfance, c’est l’apprentissage des premières marches. Un enfant d’un an tente de monter, trébuche, explore. Chaque marche est un défi. Il ne grimpe pas seul : les adultes l’accompagnent, lui montrent comment faire, le soutiennent dans ses premiers pas.
Mais nous n’avons pas tous le même escalier.
Pour certains, il est solide, lisse et régulier, construit sur des bases stables et favorisé par un environnement propice.
Pour d’autres, il est cabossé, irrégulier, avec des marches brisées ou instables, façonné par des contextes plus précaires, des obstacles invisibles ou des inégalités.
La montée ne demande alors pas le même effort : certains avancent presque sans y penser, tandis que d’autres doivent redoubler d’efforts, s’adapter, réparer ou même bâtir leurs propres marches au fur et à mesure.
De plus, ceux qui nous entourent n’ont pas toujours conscience de cette réalité. Ils peuvent nous encourager à avancer à un rythme qui ne correspond pas à la structure de notre escalier, sans voir que certaines marches sont plus hautes, plus glissantes ou même absentes. D’autres, eux-mêmes en difficulté, avancent avec peine et projettent leur propre lutte sur nous, sans le vouloir.
À l’âge adulte, nous avons normalement acquis la capacité de gravir les marches seuls.
Mais être seul… qu’est-ce que cela signifie réellement ? L’être humain est un animal social, et la montée ne se fait jamais totalement de façon isolée.
Selon notre histoire et l’état de notre escalier, nous nous appuyons à certains moments sur des figures inspirantes, sur des soutiens ponctuels ou même sur une béquille temporaire. L’essentiel est d’en être conscient : s’appuyer sur un autre pour avancer n’est pas un problème en soi, mais cela ne doit pas devenir une habitude rigide qui entrave notre autonomie.
Car monter n’est pas une fin en soi. Ce qui compte, ce n’est pas d’atteindre le sommet coûte que coûte, mais la manière dont on gravit chaque marche. Parfois, il est nécessaire de ralentir, de faire une pause pour mieux comprendre où l’on en est. D’autres fois, il est même indispensable de redescendre de quelques marches pour retrouver des repères. Ce ne sont pas des échecs, mais des ajustements nécessaires à une montée
plus consciente et plus stable.
Le rôle des accompagnants : guider sans porter

Les parents sont les premiers accompagnants de l’enfant sur son escalier. Mais leur rôle n’est pas de monter à sa place. Un parent attentif aide son enfant à comprendre son propre escalier, à identifier les obstacles, à apprendre à demander de l’aide quand il en a besoin, et surtout à choisir auprès de qui il la demande et partage une partie de son chemin.

Mais tous les parents n’ont pas conscience de la structure de leur propre escalier.
Certains ne l’ont jamais regardé et reproduisent des schémas inconscients.
D’autres voudraient bien aider mais projettent leur propre manière de monter, sur leur enfant, sans voir que son terrain est différent.
Et puis, il y a ceux qui, blessés par leur propre ascension, attendent inconsciemment de leur enfant qu’il les porte, qu’il répare ce qu’ils n’ont pas pu réparer eux-mêmes. L’enfant, alors, grimpe en portant un poids qui n’est pas le sien.
À un moment donné, l’escalier du parent s’arrête, tandis que celui de l’enfant continue.
Si l’enfant n’a pas appris à écouter son propre rythme, à observer son propre escalier et à choisir les bons accompagnants, sa montée sera plus difficile.

Les dynamiques relationnelles :
avancer ensemble, mais pas à n’importe quel prix
Nous croisons sur notre chemin d’autres personnes qui, elles aussi,
montent leur propre escalier.
Dans une relation équilibrée, chacun avance à son rythme, trouvant un équilibre entre soutien et autonomie. L’important n’est pas d’aller vite, ni d’imposer un rythme à l’autre, mais d’avancer ensemble en conscience.
Mais parfois, les blessures de chacun rendent cette montée plus complexe.
Imagine quelqu’un qui a des fractures invisibles, des plâtres ou des béquilles, ou bien qui ressent une douleur chronique en montant.
Chaque marche lui demande un effort immense.
L’autre, à côté, est aussi en train de monter avec ses propres contraintes et difficultés.
Si l’un avance trop vite sans tenir compte de ses blessures, il risque de chuter et de se faire encore plus mal.
Si l’un s’accroche trop à l’autre pour être hissé, il peut l’alourdir et le déséquilibrer.
Si l’on ne communique pas sur ses besoins, la relation devient un frein plutôt qu’un soutien.
Parfois, une dynamique toxique s’installe, non pas forcément par intention de nuire, mais plutôt par méconnaissance ou par incapacité à en percevoir les conséquences:

S’appuyer sur l’autre sans discernement.
Certains, sans nécessairement en être conscients, utilisent l’autre comme une marche supplémentaire pour avancer, comme s'il faisait partie intégrante de son escalier. Ils ne le voient pas comme un individu mais comme un simple moyen de progresser.
S’agripper par peur de tomber.
Il arrive que certains s’accrochent trop à quelqu’un pour se stabiliser. Si cela reste ponctuel et assumé par les deux, ce n’est pas un problème. Mais si cette dépendance devient un mode de fonctionnement, elle empêche l’un et l’autre de se mouvoir librement.
Piétiner pour progresser.
Certaines personnes ont appris que pour avancer, elles devaient passer sur les autres. Ce n’est pas toujours intentionnel, mais cela témoigne d’un rapport à la montée, où l’autre n’est vu que comme un moyen d’aller plus haut, et non comme un compagnon d’ascension.
Tout le monde peut, à certains moments, adopter des comportements toxiques.
La fatigue, le stress, ou des blessures non résolues peuvent nous amener à nous appuyer trop fort sur quelqu’un, à le ralentir, ou à le pousser sans en être conscients.
Ce qui différencie une dynamique temporairement toxique d’une personne à personnalité toxique, c’est la fréquence et l’absence de remise en question : une personne qui répète ces comportements sans parvenir à en mesurer l’impact sur les autres
finit par instaurer un mode relationnel destructeur.
Monter, en conscience : un chemin personnel et collectif
Que ce soit dans nos relations amicales, amoureuses, familiales ou même dans notre propre développement, nous sommes tous en train de gravir notre escalier :
Certains avancent vite, d’autres ont besoin de temps.
Certains ont grandi avec un escalier stable et droit, d’autres doivent composer avec des marches fragiles ou encore absentes.
Certains réalisent que leur escalier était une illusion et ouvrent enfin les yeux sur la réalité de la structure, tandis que d’autres l’ont perçue avec justesse depuis le début.
Certains ont eu des guides attentifs, d’autres doivent réapprendre à monter seuls.
Certains veulent aider mais doivent veiller à ne pas tomber ou se blesser
en portant l’autre.
Nous avançons tous sur notre propre escalier: Monter rapidement ou prendre le temps d’analyser chaque marche? S’arrêter, reculer, puis repartir?
Il n’y a pas une seule bonne manière d’avancer, car chaque escalier est unique, évoluant à travers nos expériences, nos forces et nos limites. Car si nous ne choisissons pas la structure de départ, nous pouvons explorer la possibilité de réparer ou de modifier notre escalier.

Dans cette ascension, la tentation est grande de regarder autour de nous, de comparer notre progression à celle des autres. Pourtant, leur escalier n’est pas le nôtre, et ce qui leur semble naturel peut nous paraître insurmontable – et inversement.
Avancer, ce n’est pas aller plus vite qu’un autre, c’est comprendre son propre mouvement,
reconnaître ses capacités et respecter son propre rythme.
Mais nous ne gravissons pas toujours ces marches seuls. Parfois, nous choisissons de monter aux côtés d’autres personnes. C’est alors une autre forme d’apprentissage:
celle du respect mutuel.
Reconnaître que chacun avance à son propre tempo, avec ses propres forces et fragilités, c’est accepter que l’ascension ne soit pas une course, mais un chemin partagé.
Au final, l’important n’est pas juste d’atteindre un sommet, mais de monter en ayant pleinement conscience de ses capacités réelles, en les respectant, et d’en faire de même avec celles des autres auprès desquels nous avons choisi de gravir notre escalier.
Car l’essentiel n’est pas seulement où et quand on arrive,
mais comment et avec qui nous faisons ce voyage.

Et si vous preniez un instant pour observer votre escalier ?
Pour mieux comprendre vos marches, vos appuis et votre rythme, d’autres éclairages vous attendent au fil des lectures précédentes...