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Décrypter le Triangle Dramatique de Karpman: Au-delà des Rôles, la Quête de Pouvoir

  • lisawharton7
  • 12 oct. 2024
  • 8 min de lecture

Dernière mise à jour : 12 oct. 2024




Dans le domaine du développement personnel et de la thérapie, certains concepts psychologiques sont souvent mal interprétés ou trop simplifiés, au point d'en perdre leur subtilité et leur pertinence. Les termes "victime", "persécuteur" et "sauveur" sont souvent perçus de manière figée, presque comme des étiquettes indélébiles, alors qu’ils devraient plutôt être vus comme des rôles dynamiques que chacun peut adopter selon le contexte.

Ces rôles, loin de représenter des identités fixes, peuvent être compris comme des masques, dissimulant une même intention fondamentale : le pouvoir sur autrui.


Que ce soit par le contrôle (persécuteur), l’assistance excessive (sauveur), ou la manipulation par la plainte (victime), ces rôles visent, au fond, à influencer ou dominer les autres, consciemment ou non. Cela soulève plusieurs questions cruciales :

Peut-on encore aider quelqu'un sans être taxé de "sauveur" ? Comment exprimer une souffrance légitime sans se voir réduit.e au rôle de "victime" ? Et toutes les actions du "persécuteur" sont-elles forcément toxiques ?


Dans cet article, je vous invite d'abord à redécouvrir ce qu'est le triangle dramatique de Karpman. Ensuite, je redéfinirai ces rôles non pas comme des identités figées, mais comme des stratégies inconscientes de pouvoir. Enfin, je vous montrerai comment je perçois des relations basées sur l'authenticité et l'équilibre plutôt que sur le contrôle mutuel, et comment instaurer cette nouvelle dynamique.




Le triangle dramatique de Karpman


Stephen Karpman, psychiatre américain, a conçu le concept du triangle dramatique en s'inspirant de l'analyse transactionnelle d'Eric Berne. Ce dernier est un célèbre psychologue, à l'origine de l'école d'analyse transactionnelle, une approche qui s’est développée dans les années 1960, durant l'essor des thérapies brèves. Ces thérapies cherchent des solutions rapides aux problématiques relationnelles, en ciblant les dynamiques psychologiques sous-jacentes.


L'analyse transactionnelle de Berne part du principe que nos relations sont souvent influencées par des jeux psychologiques. Ces relations dérapent lorsqu’une personne prend le dessus en exploitant les vulnérabilités de l’autre. Cela crée un déséquilibre de pouvoir dans la relation.


Karpman a observé que dans les jeux psychologiques, les interactions dysfonctionnelles suivent souvent trois types de feintes ou de stratégies manipulatrices :

Donner de fausses informations pour tromper son interlocuteur.

Intimider l’autre pour le déstabiliser ou le faire perdre ses moyens.

Se faire passer pour plus faible afin que l’interlocuteur se relâche ou baisse sa garde.

À partir de ces comportements de manipulation, Karpman a défini trois rôles dans les conflits relationnels :

La victime, qui se présente comme impuissante.

Le persécuteur, qui critique ou attaque.

Le sauveur, qui intervient pour "aider" mais en fait maintient la victime dans un état de dépendance.

Les personnes impliquées dans une interaction peuvent changer de rôle rapidement au sein du triangle. Par exemple, une personne qui se présente initialement comme sauveur peut devenir persécuteur si sa tentative d’aide est rejetée. De la même manière, une victime peut se transformer en persécuteur si elle commence à critiquer celui qui n'a pas réussi à la "sauver".

Le modèle met en lumière la nature toxique des rôles qui maintiennent les interactions dans un cycle conflictuel. Tous les rôles sont interdépendants, favorisant ainsi la dépendance émotionnelle et la recherche du pouvoir sur l’autre.



Les trois rôles : masques de contrôles et de manipulations




Le rôle de sauveur : la domination par l’assistance

Le sauveur éprouve un besoin profond d'être perçu comme indispensable, important, voire vertueux. Cette quête de reconnaissance est telle qu'il finit par s'identifier entièrement à son rôle d'aidant. Il offre son aide, qu’elle soit sollicitée ou non, convaincu de savoir ce qui est le mieux pour l’autre, sans tenir compte des limites ou des capacités de la personne qu’il cherche à aider. Ce comportement peut rapidement devenir intrusif, car le sauveur impose son assistance, même lorsqu'elle n'est pas nécessaire ou souhaitée.


Son implication émotionnelle est souvent excessive, reflet de son identification à la personne qu’il aide. En se concentrant sur les problèmes des autres, il évite de faire face aux siens. Ce déséquilibre émotionnel peut conduire à des frustrations lorsque son aide n'est pas acceptée ou appréciée comme il l'attend. À ce moment-là, le sauveur bascule dans l’exigence, nourrissant un ressentiment croissant.


En aidant de manière constante, il crée une forme de dépendance chez l’autre, laissant entendre qu’il est indispensable. Ainsi, le sauveur instaure un contrôle subtil sur l'autre, maintenant la relation dans un cycle de dépendance émotionnelle.




Le rôle de persécuteur : l’affirmation par la domination 

Le persécuteur exerce un contrôle sur son entourage en recourant à des stratégies de culpabilisation et de domination. Il critique fréquemment, dévalorise, blâme, et cherche constamment un responsable pour prouver que l'autre a tort ou a échoué. Son attitude peut se révéler agressive, méprisante, autoritaire ou dédaigneuse, avec une volonté ferme d’imposer sa vision des choses, quelle qu’en soit la méthode.


Il a tendance à se focaliser sur les erreurs, parfois même à les exagérer, afin de désigner un coupable et d’affirmer sa supériorité ( physique, intellectuelle, sociale, culturelle). Les erreurs sont perçues comme des fautes méritant réprimande. Sous son influence, l’atmosphère devient pesante, créant une sensation permanente d’insécurité et de pression chez ceux qui l'entourent.


Chaque initiative est minutieusement examinée et critiquée, ce qui décourage toute prise de risque ou innovation. Le persécuteur installe ainsi un climat de méfiance et de peur, qu'elle soit physique ou psychologique, enfermant les relations dans un cycle toxique où l'erreur n'est pas permise et la confiance est inexistante.




Le rôle de victime : la manipulation par la faiblesse 

La victime cherche à attirer l'attention et la sympathie en amplifiant sa situation, s'appuyant sur son statut de victime pour susciter la compassion. Elle adopte une posture passive, se présentant comme une personne qui subit les événements et qui évite toute prise de responsabilité personnelle. Son attitude est souvent fataliste et résignée, sans nuance, rejetant ou dévalorisant les solutions qui lui sont proposées, tout en se concentrant exclusivement sur ce qui ne va pas, alimentant ainsi un cycle de sabotage.


Pour obtenir ce qu'elle désire, que ce soit de l'attention ou du soutien, elle recourt à des stratégies de manipulation, notamment en exagérant ses souffrances. Elle ne cherche pas réellement des solutions, mais plutôt une validation émotionnelle, une confirmation de son image de victime impuissante, ce qui lui permet d'éviter tout changement ou initiative.


En se positionnant comme telle, elle justifie son inaction et alimente une forme de dépendance vis-à-vis des autres. Cette dépendance est nourrie par son besoin constant d'être secourue, évitant ainsi de prendre des responsabilités et de renoncer à l'image de victime qu'elle s'est construite.





Le point commun entre ces trois rôles — Sauveur, Persécuteur et Victime — est la recherche d’une validation personnelle, où chacun se concentre sur ses propres besoins au détriment de l'équilibre relationnel. L'attention est dirigée vers soi plutôt que sur une interaction équitable avec les autres. Que ce soit pour être reconnu, valorisé ou simplement pour asseoir un pouvoir, les personnes qui adoptent ces rôles cherchent désespérément à être vues et considérées, souvent au prix de conséquences négatives pour l'autre ou pour la relation dans son ensemble.



Renoncer au jeu de pouvoir


Sauveur : une aide sincère plutôt qu’un contrôle déguisé

Un véritable soutien se distingue par une absence de bénéfice personnel. L’objectif n’est pas de renforcer une image ou d’obtenir une gratification émotionnelle. La personne n’attend ni reconnaissance ni remerciements en retour. Au lieu de cela, elle se place en retrait, laissant l'autre décider quand et comment demander de l'aide, tout en respectant son autonomie et sa capacité à prendre des initiatives et des décisions.


L’attention est dirigée vers la personne aidée, la satisfaction provient de ses progrès et de ses capacités à être autonome. De plus, l’aide est offerte de manière temporaire et disparaît lorsque l'assistance n'est plus nécessaire. Cette approche, basée sur l’égalité et l’humilité, transforme la relation en un véritable partenariat. Aux côtés de l’aidant, on se sent soutenu et accompagné, mais sans ressentir de dette ou d'obligation envers lui.



Persécuteur : quand la fermeté n’est pas de l’agression

Une critique constructive peut être bienveillante et respectueuse. Un leader ou une personne affirmée prend en compte les émotions et les opinions des autres pour trouver des solutions collaboratives. Il adopte une approche empathique et équitable, basant ses remarques sur des faits concrets. Les erreurs sont vues comme des opportunités d'apprentissage, plutôt que des fautes à condamner.


Ce type de leadership valorise la coopération, reconnaissant les contributions de chacun. Il se montre également ouvert aux critiques constructives à son propre égard et assume pleinement ses responsabilités. De plus, il soutient activement le développement des compétences et l'autonomie des autres, tout en veillant à garantir un environnement émotionnellement sûr.



Victime : entre rôle et réalité

Une véritable victime fait face à des situations réelles de maltraitance, d'injustice ou à des difficultés concrètes. Elle reconnaît sa souffrance et admet qu'elle a besoin d'aide. Plutôt que de se résigner, elle cherche activement des solutions et essaie de comprendre ce qui lui arrive, prenant les mesures nécessaires au moment opportun.


Elle exprime ses souffrances de manière honnête et ouverte, sans manipuler ni rejeter les solutions. En agissant ainsi, elle retrouve son pouvoir d’action et dépasse la dynamique de dépendance.



Il est essentiel de comprendre que nos modes d'interaction varient constamment. Parfois, nous endossons l’un des rôles du triangle dramatique, et parfois nous agissons de manière authentique. Plus nous développons une conscience de nos comportements, plus nous avons la possibilité de choisir notre posture intérieure : attitude authentique ou rôle ? Et si je choisis le rôle, suis- je prêt.e à assumer les conséquences relationnelles ?

Les transitions entre authenticité et jeu de rôle sont souvent subtiles et peuvent être difficiles à détecter sur le moment.


J’ai par exemple rencontré une femme, victime d’un viol à l'adolescence, qui, tout en étant une véritable victime, a pris conscience qu'elle utilisait parfois ce statut pour attirer l’attention. En se rendant compte de cette dynamique, elle a pu affronter son traumatisme en profondeur et passer d'un rôle de victime à une réelle reconnaissance de sa souffrance, amorçant ainsi sa reconstruction.


J'ai également observé des personnes jouant le rôle de persécuteur avec un comportement apparemment ouvert au dialogue et aux critiques constructives, mais en réalité, elles imposaient subtilement leur vision. Leur "douceur" masquait un besoin de domination : elles insistaient pour être perçues comme ayant raison, même sous des apparences bienveillantes. Ces attitudes finissaient par servir leur propre image plutôt que la relation ou l’échange.


J’ai aussi observé chez moi des moments où je pouvais tomber dans le rôle de "sauveuse", avec des attentes dissimulées d’être reconnue comme une source de soutien ou de compétences.



La clé est d’observer ces tendances tout en veillant à ce qu'elles restent des mouvements transitoires et non des dynamiques permanentes qui prennent le contrôle de nos actions.

La Communication Non Violente (CNV) et le modèle IFS (Internal Family System) offrent une perspective élargie de nous-mêmes, pour mieux se comprendre. Ils nous aident, par exemple, à observer nos tendances à vouloir "sauver" les autres, tout en nous permettant de les relâcher afin d'offrir un soutien véritablement authentique. Ces approches facilitent aussi la reconnaissance de nos propres blessures, leur donnant la possibilité de s'exprimer sincèrement, sans chercher à obtenir quelque chose en retour. Par ailleurs, elles aident à identifier cette part de nous qui cherche à exercer un contrôle excessif, parfois à travers des comportements manipulateurs, motivée par la peur de faire face à nos propres souffrances profondes d'impuissance et de désarroi.


En définitive, comprendre et reconnaître ces dynamiques internes permet de sortir des rôles toxiques du triangle dramatique de Karpman. En cultivant une plus grande conscience de soi, nous apprenons à interagir de manière plus authentique et respectueuse, tant envers nous-mêmes qu'envers les autres. En abandonnant les jeux de pouvoir et de manipulation, nous pouvons créer des relations fondées sur l’empathie, la responsabilité partagée et la liberté individuelle.

Ce processus de transformation ouvre la voie à des échanges plus sains et plus équilibrés, où chacun est pleinement reconnu dans sa propre autonomie.



 
 
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